Évolution de la trompette
Du coup de clairon militaire à la musique classique, d'antiques rituels aux improvisations Jazz les plus pointues, le cris triomphant de la trompette s'est nourri de multiples évolutions techniques et culturelles. D'une part, l'instrument a été amélioré dans sa facture et ses possibilités de jeux aux cours de longs perfectionnements et quelques bonds technologiques. De l'autre, sa représentation a changé et ses registres se sont étendus : son timbre noble et éclatant a longtemps voué la trompette à des fonctions religieuses et militaires mais au cour des siècles, elle fut poussée de son piédestal et hors des seuls cadres épiques et grandiloquents.
La base :
Les trompettes originelles étaient de simples tubes de métal droit possédant une embouchure et un pavillon. Dans l’Égypte antique, elles servait aux rîtes religieux à la faveur d'Osiris tandis qu'en Grèce et à Rome sa puissance sonore en faisait un parfait moyen de communication sur les champs de bataille. Bien que la noblesse de ces usages emplisse alors la trompette d'une aura presque sacrée, l'instrument en lui-même n'était, paradoxalement, qu'un outil, un moyen au service d'un but - honorer un dieu, communiquer un message – un but qui lui demeurait étranger.
L'âge de l'escargot :
Par ailleurs, sa forme la rendait relativement encombrante. Il fallu attendre une avancée technique en forge au XIVe : la possibilité d'incurver un tube de métal, pour la voir s'enrouler sur elle-même et gagner en ergonomie. Son allure se rapprochait de notre clairon actuel. Et comme pour le clairon, en l'absence de coulisses et de pistons, les notes jouables se limitaient aux harmoniques naturelles de l'instrument, produites par modulation de la pression d'air en serrant plus ou moins les lèvres.
Du XVe au XVIIe, la trompette est passée peu à peu du statut d'outil de communication lors de la guerre ou de la chasses à celui d'instrument de concert. Jouer de la trompette prends dès lors un tout autre sens, il s'agit de produire ou de participer à une forme d'art.
De nouvelles couleurs :
Alors que le timbre énergique, solaire de l'instrument intéresse particulièrement certains compositeurs : Monteverdi, Bach, ses limitations harmoniques poussent les facteurs de la fin du XVIIIe à expérimenter différents moyens, de la rendre chromatique.
Vers 1750 le corniste Hampel observa que la note pouvait être baissée d'un ton ou demi ton en plaçant sa main devant le pavillon de la trompette. Un problème cependant : cette technique modifie le timbre de l'instrument, le son, parfois étouffé, devient inégal.
Certains fabriquèrent des trompettes à clés, adaptant un système déjà existant sur les clarinettes ou les flûtes, mais les résultats n'étaient pas probant : le cuivre perdait son timbre si particulier. Et les quelques réalisations réussissant à le conserver souffraient du même défaut que la technique de Hampel : un rendu déséquilibré.
D'autres enfin, tentèrent la trompette à coulisse à la manière des trombones. Malgré sa belle sonorité, elle manquait de souplesse : le jeu trop rigide interdisait le solo.
La vrai révolution chromatique vint du piston, inventé au début du XIXe par Heinrich Stölzel puis perfectionné par François Périnet. Le piston, comme la coulisse, permet d'étendre la longueur du tube de la trompette et d'ainsi changer la fréquence à laquelle elle résonne sans en modifier le timbre. A l'inverse de sa concurrente, cette technologie procure une grande facilité de jeu et l'a quasiment éclipsée aujourd'hui.
La trompette explore, durant le XXe, de nouveaux champs d'expression, portée d'un côté de l'Atlantique par le Jazz de Louis Amstrong, Miles Davis, Roy Eldridge, Dizzy Gillespie, et de l'autre par un retour à la musique classique dont le virtuose Maurice André fut le meilleur ambassadeur. Dans les deux cas, la trompette se taille une solide place de soliste. Son horizon n'a jamais été aussi vaste.