Histoire du trombone :
Le principe fondateur du trombone est simple et efficace : allonger ou raccourcir la longueur d'un cuivre à volonté pour en faire varier les harmoniques. Cette idée fut tellement bien concrétisée au XVe que depuis les premiers modèles de "sacqueboutes" (vieux français signifiant tire pousse), l'instrument n'a presque pas bougé.
Anatomie :
Il se compose d'une embouchure et d'un tube à perce cylindrique où s'intègre une coulisse, perce qui s'ouvre en cône dans la partie précédent le pavillon. La coulisse se déplace par glissement, depuis sa position initiale, vers 6 points distends d'un demi-ton, pour une palette de 3 tons et demi au total, dont la position se détermine par expérience puisqu'il n'y a pas de repères sur l'instrument.
Ce mode de sélection des notes permet de générer toutes les fréquences intermédiaires. Un bon musicien peut donc jouer parfaitement juste, en plaçant sa coulisse à l'endroit exacte de la note recherchée. Cette faculté est introuvable chez les autres cuivres dont la justesse se détermine en grande partie lors de la fabrication.
Une autre originalité du trombone, encore issue de la façon dont la coulisse peut moduler le son : en continu, réside dans un effet quasiment inédits parmi les vents : le glissando. Les premiers trombonistes des fanfares Jazz de la Nouvelle Orléans l'ont largement utilisé, notamment dans le célèbre morceau Tiger Rag où de brusques glissendi imitent le rugissement du tigre ; et c'est pour jouer de cette particularité que de nombreux compositeurs du XXe ont intégré le trombone à leurs œuvres.
Parcours :
Mais revenons au XVe, la majesté de son allure et la fierté de son chant ouvrirent rapidement les portes des cours au sacqueboute. D'abord utilisé pour des morceaux cérémonieux ou religieux, le cuivre intègre les orchestres de Gabrieli et Scheidt fin XVIe début XVIIe. Considéré comme l'instrument le plus proche de la voix par sa maniabilité, son timbre et son registre, il les soutient ou les remplace même dans certains opéras. Il occupe ensuite une place de solo sous la plume de Mozart dans Tuba Mirum, inspiré par le talent du virtuose Thomas Gschladt. C'est à cette époque que la forme de l'instrument évolue: la partie conique du tube s'écrase et le pavillon s’élargit. Le sacqueboute adopte alors la dénomination italienne : trombone.
Dernière touche :
Les dernières innovations technologiques majeures interviennent au XIXe. Le facteur Christian Friedrich Sattler ajoute en 1839 un circuit pour étendre le registre des trombones ténors et basses. Le musicien peut agrandir la longueur totale de ce trombone dit complet en actionnant une clé de pouce. La colonne d'air emprunte alors le conduit alternatif et la note baisse. Ce mécanisme présente deux intérêts : une palette de jeu plus large et un gain d'agilité puisque les graves peuvent se jouer sans pousser la coulisse dans ses dernières positions. Enfin, à l'instar de la trompette, certains trombones sont équipés de pistons pour accéder à un plus haut niveau de virtuosité, mais le gain se traduit fatalement par une perte de justesse.
Si le trombone possède une voix dont l'amplitude embrasse de multiples styles musicaux : classique et jazz mais aussi salsa, fanfare, funk, musique militaire; il s’accommode des époques et des courants en conservant son timbre à l'éclat unique. ''Il dépend du compositeur de le faire tour à tour chanter un chœur de prêtres, menacer, gémir sourdement, murmurer un glas funèbre, entonner un hymne de gloire, éclater en horribles cris, ou sonner sa redoutable fanfare pour le réveil des morts ou la mort des vivants.'' Berlioz, Traité d'Orchestration.