Les tubas : une famille compliquée
Un fruit de son époque :
S'il est une période charnière dans l'histoire des cuivres, il s'agit sans doute du début XIXe. A ce moment, la révolution du piston et des avancées majeures en acoustique libérèrent la créativité de brillants facteurs à travers l'Europe ; lesquels demeuraient, jusque-là, cantonnés à l'utilisation de clés ou de coulisses pour faire varier l'harmonique. Les idées fusaient, les inventions et tentatives se multipliaient. De ce tumulte, de ce débordement créatif naquirent quantités d'instruments inédits, dont la majorité tomba fatalement dans l'oubli ou en désuétude - il n'y a pas de juge plus sévère que le tamis du temps. Le tuba fait partie de ces rares nouveaux venus qui accédèrent à la postérité.
La sous-famille des tubas (parmi la famille des cuivres) est le fruit d'un travail de recherche amorcé en parallèle par divers facteurs à travers l’Europe.
Le tuba
C'est en Allemagne (Prusse) que l'aventure commença. aux alentours de 1835, l'ingénieur Johann Gottfried Moritz, à la demande de Wilhelm Wieprech, développa un cuivre grave dans le but de remplacer le récent ophicléide (inventé en 1817) au sein des formations militaires. En effet, celui-ci souffrait d'un manque de régularité dans le timbre, à l'instar des tentatives de trompette à clés. Ils confectionnèrent, autour du nouveau système de pistons de Heinrich Stölzel, un instrument offrant plus de puissance et un timbre incomparablement plus noble : le tuba. Une version utilisant 3 palettes à la place des pistons fut aussi réalisée par W. Schuster durant la même période. De nombreux facteurs peaufinent depuis ces instruments.
Le Saxhorn
Quelques années plus tard, de l'autre coté du Rhin, le belge Adolphe Sax travaillant à l'amélioration du bugle, s'inspira de ces deux modèles pour développer sa série de saxhorn à pistons. Par ailleurs, Sax avait découvert que la sonorité des instruments n'avait presque aucun rapport avec le matériau dans lequel ils étaient conçus, ou leur enroulement. Leur timbre dépend en premier lieu de la forme donnée à la colonne d'air qui les traverse. Il investit donc les connaissances acquises lors de ses expériences acoustiques pour parfaire la perce de son nouveau cuivre qui s'avère plus conique que celle du tuba.
L'euphonium
Enfin, Gustave-Auguste Besson, facteur parisien, donna lui aussi sa version du tuba dont la perce est plus large que celle de Sax : l'euphonium. Sous la pression judiciaire exercé par Sax, il déménagea sa production en Angleterre où le timbre lyrique et chatoyant de son instrument séduisit les brassbands alors en pleine expansion.
Une distinction difficile
Ces trois versions du Tuba sont proches par leur forme et presque identiques dans leur fonctionnement. Cependant, les saxhorns ont un timbre clair qui les fait paraître plus aigus qu'ils ne le sont vraiment et vont du bugle sopranino au saxhorn contrebasse ; les tubas se déclinent du baryton en Sib à la contrebasse en Ut. L'euphonium est ténor, basse ou contrebasse et sa sonorité est plus veloutée, plus ronde. En dehors du registre et du timbre, ce sont surtout les proportions d'un instrument (sa taille), la forme de sa perce et l'agencement de ses circuits qui définissent s'il s'agit d'un tuba, d'un saxhorn ou d'un euphonium.
Répertoire
Malgré la jeunesse de l'instrument, le répertoire symphonique et harmonique du tuba est assez fourni. Berlioz, Ravel, Strauss utilisèrent les versions basse et contrebasse pour leur puissance sonore et leur étendue de graves incomparable. Par ailleurs, les tubas tiennent une place de choix dans les divers fanfares : militaires, brass bands, marching bands, fanfares d'Europe de l'est.